À la recherche du temps perdu II : Sur les traces du cowboy

"Le cowboy s’en est allé avec sa part de mystère. Sur ces routes désertiques, il a laissé trainer son âme. Qui était-il ? Amoureux des grands espaces, du soleil ardant et de sa solitude, il s’ennuyait rapidement et reprenait son chemin dès que possible. Que cherchait-il ? Peu enclin à se confier, lui seul le savait. Sur des airs d’harmonica, il aimait se perdre pour mieux revenir. Par terre ou par mer, il allait là où le vent le menait. Tantôt à l’Est, tantôt à l’Ouest, aucun obstacle ne lui semblait insurmontable. Sans états d’âme, il n’avait que faire des qu’en-dira-t-on. De toute façon, larmoiements et apitoiements se mariaient mal avec le parfum d’un bourbon. Chaussé de ses éperons, je l’aperçus au loin, attelé à son cheval. D’un signe de la main, il me salua et disparut une dernière fois dans la poussière de son galop."
Mon père était un voyageur, un tantinet marginal, un cowboy des temps modernes. Pour le saluer une dernière fois et rendre un peu plus tangible son départ, quand le deuil n’est qu’une notion abstraite avec de nouvelles émotions pourtant bien réelles, j’ai choisi de m’inventer ces retrouvailles imaginaires. Là où il se sentait bien, le désert. À travers ces vastes espaces et les villes fantômes qui jonchent l’Ouest américain, je suis partie, moi aussi, à la rencontre d’un fantôme.
Californie, 2015.
"Le désert ne parle pas. Au mieux, il peut nourrir un imaginaire […]. " Raymond Depardon, Le Désert Américain.